16.07.2024

Déclaration de la Suisse à l’occasion d’un débat ouvert du conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) - Seul le texte prononcé fait foi

Orateur: Cassis Ignazio; Chef du Département, Ignazio Cassis

Monsieur le Président, Excellences, chères et chers collègues,

Un ordre mondial plus juste, plus démocratique et plus durable est un ordre qui place la liberté en son cœur.

Or, l’histoire nous montre qu’il n’existe aucune liberté absolue. Si la liberté est essentielle pour vivre en société, elle n’est assurée que lorsque celle-ci est protégée par des règles. Des règles de principe, des règles de droit.

Le droit à la liberté ne peut exister qu’avec le devoir de la responsabilité.

Il y a plus de 75 ans, en adoptant la Charte des Nations unies et la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, nous avons tiré les leçons de l’histoire de la première moitié du 20e siècle, notamment des deux guerres mondiales.

Ces normes universelles ont permis de bâtir un monde dans lequel la force du droit devait finir par s’imposer sur le droit de la force.
Et c’est en particulier l’interdiction du recours à la force – un vrai changement de paradigme en droit international, alors que le monde croyait auparavant à l’idée de la « guerre juste » - qui a été placée au centre de notre Charte.

Depuis l’adoption de la Charte, Nous, peuples des Nations Unies avons bâti pierres après pierres les fondations de nos engagements universels ; et nous avons essayé – ensemble – de construire un monde meilleur : moins de pauvreté, des épidémies désamorcées, une assistance humanitaire pour celles et ceux qui en ont besoin.

Beaucoup d’entre nous ont baigné dans un optimisme nourri par l’esprit du « plus jamais ça ».
A la chute du mur de Berlin, nous avons cru que les idéaux basés sur les principes de la Charte allaient définitivement s’imposer.
Or, force est de constater que nous n'avons pas réussi à maintenir le cap.

Notre optimisme s'est heurté au mur impitoyable du réalisme.

Et pourtant, nous savions que l’Histoire n’est pas linéaire et que l’être humain a cette fâcheuse tendance à répéter les mêmes erreurs.
Le protectionnisme, le nationalisme, symptômes de ce malaise global, illustrent un gigantesque manque de confiance entre les humains.
Les guerres, la pauvreté, la désinformation et des visions géopolitiques difficilement conciliables gagnent du terrain dans le monde entier.
Ainsi, l’Ukraine est dévastée par une agression militaire depuis plus de deux ans, en violation flagrante de la Charte. Depuis plus d’un an, le Soudan est à nouveau en proie à une guerre civile. Mesdames et Messieurs, 75 ans d’engagement multilatéral n’ont pas encore apporté la paix au Proche-Orient.

Oui, le multilatéralisme est mal en point. Si les Nations Unies nous semblent aujourd'hui trop faibles, c'est parce qu'elles reflètent la trop faible volonté de tous les États membres d’obéir, de respecter la loi du devoir qu’ils se sont volontairement imposée.

Nous devons retrouver l’élan qui a fait le ciment de notre communauté.

Monsieur le Président,

En mai 2023, ici même, j'ai présidé un débat sur le rôle de la confiance entre les États. La confiance est un élément clé pour que ce Conseil puisse accomplir son mandat. Pour renforcer la confiance, nous devons rechercher davantage le dialogue, surtout en cas de divisions. Rechercher et créer le dialogue exige parfois de la créativité et de la prise de risque.

En organisant, il y a un mois, une conférence internationale sur la paix en Ukraine, notre objectif était précisément d’établir la confiance à travers le dialogue. En Suisse, pendant deux jours, une centaine de délégations ont échangé sur les chemins possibles vers la paix. Nous n’étions de loin pas tous d’accord sur ces chemins vers la paix, mais nous nous sommes efforcés d’établir une base de confiance pour progresser.

Et nous offrons des lieux de dialogue pour d’autres discussions, comme actuellement sur le Soudan sous l’égide de l’ONU à Genève ou auparavant dans le contexte du Yémen.

La Suisse, pays dépositaire des conventions de Genève, est prête à prendre ses responsabilités pour un ordre mondial basé sur le droit humanitaire. Alors que nous commémorons le mois prochain (le 12 août) les 75 ans des Conventions à Genève – et j’espère d’ailleurs vous accueillir en Suisse pour cette commémoration importante - il est grand temps de réaffirmer la validité universelle du droit international humanitaire.

Fin octobre (du 28 au 31), la Suisse accueillera la 34e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève. Avec comme devise « gérer l’incertitude – renforcer l’humanité », l’objectif de cette conférence est d'améliorer la réponse humanitaire à travers un dialogue efficace.

Mesdames et Messieurs, chers collègues,

Face à l'augmentation des guerres, face à l’usage systématique de la violence, nous avons besoin de croire au respect du droit international humanitaire.

Si la confiance peut être créée par le dialogue, elle peut l’être également par un changement de perspective. Comme médecin de formation, je crois en la science, et en la diplomatie scientifique. Je suis persuadé que la science peut contribuer à renforcer notre travail. Une approche fondée sur des faits scientifiquement établis renforce aussi la confiance mutuelle. Elle offre la possibilité d'anticiper les risques et les opportunités pour la paix.

Lors de notre présidence du Conseil en octobre de cette année, nous allons proposer une réunion sur le potentiel de la diplomatie scientifique.

Chères et chers collègues,

À nous, membres de ce Conseil, d’être à la hauteur de la responsabilité qui nous a été donnée – que ce soit par l’Assemblée générale ou par l’histoire de notre humanité commune.

Je vous remercie.


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Dernière mise à jour 06.01.2023

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