16.11.2015

Ginevra, 16.11.2015 - Discorso del Consigliere federale Didier Burkhalter in occasione del gruppo mondiale sull'acqua e sulla pace - Fa stato la versione orale

Oratore: Didier Burkhalter

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A l’ouverture du panel sur l’eau et la paix, le conseiller fédéral Didier Burkhalter a demandé à l’assemblée d’observer une minute de silence en mémoire aux victimes des attentats de Paris, de Beyrouth, de Bagdad, du Sinaï et d’autres régions dans le monde.

Excellences,
Chers panelistes,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

J’ai le grand plaisir de vous accueillir au lancement officiel du Panel mondial de haut niveau sur l’eau et la paix.

Nous avons débuté cette cérémonie par une captivante interprétation musicale. On m’a dit que Mich Gerber n’est pas seulement musicien et compositeur, mais également un passeur sur l’Aar à Berne. Non seulement il compose mais transporte également les gens d’une rive à l’autre. Cela en fait un symbole approprié de notre initiative. Le panel que nous lançons doit à la fois créer et communiquer : il débouchera sur des recommandations stimulantes mais portera aussi ses idées et agira comme un intermédiaire.

Pourquoi la Suisse lance-t-elle ce panel ?

Deux raisons à cela. Étant donné la multitude de crises et de conflits dans notre monde multipolaire, la Suisse se doit d’intensifier ses efforts de promotion de la paix et de la sécurité. Dans cet effort global, nous attachons une importance stratégique à la question de l’eau.

L'eau peut être une source de tension et d'instabilité, en lien avec des risques sécuritaires majeurs. Mais l'eau peut également être un puissant instrument de coopération. C'est cette notion de l’eau comme facteur pour le développement, la paix et la sécurité qui est au cœur de la diplomatie suisse - et de ce panel.

L’eau est une ressource indispensable à la santé, à la sécurité alimentaire, à l’énergie ou aux écosystèmes. Elle est au cœur du développement durable.

Aujourd’hui, cette ressource vitale fait face à des défis sans précédent. Alors que la population de la terre a quadruplé durant le 20ième siècle, les prélèvements d’eau douce ont été multipliés par neuf. Selon le Rapport mondial 2015 de l’ONU sur la mise en valeur des ressources en eau, la demande globale en eau va augmenter de 55% d’ici 2030. Si la tendance actuelle se confirme, le monde devra faire face à un déficit hydrique global de 40%.

Augmentant la fréquence et l'intensité des événements météorologiques extrêmes, le changement climatique augmente encore le défi de l’approvisionnement en eau. De plus, la pollution menace des ressources en eau. Des millions des tonnes d'eaux usées et de déchets spéciaux sont directement déversés chaque jour dans les écosystèmes aquatiques du monde.

Mais l'eau n'est pas qu’une question de développement. C'est également une question de sécurité. La compétition entre les usages de l’eau peut causer ou alimenter des conflits. La mauvaise gouvernance renforce également le risque de conflits, notamment par son impact sur la distribution et la disponibilité des ressources en eau.

Les conflits autour de l'eau sont une réalité dans différentes parties du monde. L'eau a été utilisée comme arme de guerre, notamment dans les conflits en Syrie et en Irak. En Syrie, la moitié de la capacité des infrastructures de production d'eau du pays a été perdue en raison de la guerre.

Le CICR a documenté de nombreux cas où l'approvisionnement en eau dans des villes majeures telles Damas et Alep a été délibérément coupé par les belligérants. En Irak, des organisations extrémistes violentes ont pris le contrôle de barrages ainsi que d'autres sources d’approvisionnement et ont menacé de couper la distribution en eau ou de procéder à des relâchements massifs d’eau pour inonder les zones en aval. De telles méthodes de guerre sont une violation flagrante du droit humanitaire international.

Mesdames et Messieurs,

Les défis et les risques associés à l'eau sont indiscutables. La sécurité de l’eau est un des défis majeurs que nous et les générations futures devront affronter. C'est pourquoi il est si important de travailler pour transformer l'eau comme source de crise en un instrument pour la paix.

Le potentiel de coopération est évident. Laissez-moi illustrer ceci à nouveau par un exemple de la guerre syrienne, un contexte où nous assistons au pire de ce que l’être humain est capable. Dans un bassin à quelques cent kilomètres de Damas, une vaste zone d’irrigation est occupée par des factions opposées se battant suivant une ligne de front précaire. De manière remarquable, nous avons observé les combattants de la journée s’asseoir ensemble en soirée pour négocier un quota d’eau équitable pour tous.

Ceci n'est bien sûr pas le modèle que nous envisageons pour la coopération dans le secteur de l’eau. Mais l'exemple de la Syrie indique que des solutions coopératives peuvent être trouvées même dans les situations les plus difficiles.
Beaucoup d'autres exemples ont démontré le rôle de l’eau comme instrument de paix. C’est le cas de l’Organisation de bassin du fleuve Sénégal, exemple acclamé de bonne pratique en coopération transfrontalière liant quatre pays de l'Afrique de l’ouest : le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Guinée. Durant les années 1980, cette organisation représentait l’unique chaîne de communication fonctionnelle entre deux de ses pays membres alors en guerre. Aujourd’hui, l’Organisation contrôle l’ensemble des infrastructures d'eau liées au fleuve dans les quatre pays, ce qui en fait un modèle remarquable.

Mesdames et Messieurs,

C'est cette conviction du potentiel de coopération qui a guidé la Suisse durant les quatre dernières décennies de notre engagement dans le secteur de l'eau. Et c'est la même conviction qui nous a amenés cette année à développer les lignes d'action sur l'eau et la sécurité. Ces lignes d'action guident le travail du Département des Affaires Étrangères dans ce domaine. Elles visent également à inspirer d’autres partenaires à travailler sur l'eau et la sécurité, raison pour laquelle nous les avons publiées (et des copies sont disponibles dans cette salle).

Nos lignes d'action défendent une approche holistique en abordant les liens entre l’eau et la sécurité. Considérer l'eau comme une source efficace pour la coopération et la sécurité exige une large gamme d'outils, allant des instruments de la coopération au développement et de l’aide humanitaires à la promotion de paix et au droit international.

Ces lignes d'action identifient également les pistes bilatérales et régionales pour notre travail sur l'eau et la sécurité et décrivent comment nous travaillons dans les processus multilatéraux et avec le secteur privé afin atteindre les meilleurs résultats possibles.

Une de nos activités principales sous ces lignes d'action est l'engagement de la Suisse dans la « diplomatie bleue ». Nous sommes devenus particulièrement actifs dans le développement de nouveaux mécanismes pour négocier et coordonner les politiques de l’eau pouvant promouvoir la diplomatie quant aux eaux de surface et souterraines en Afrique, Asie et Amérique Latine. La Suisse supporte et facilite les efforts de renforcement de la bonne gouvernance ainsi que des mécanismes de gestion dans dix-sept grands bassins fluviaux transfrontaliers.

Mesdames et Messieurs,

Mettre sur pied ce panel de haut niveau que nous lançons aujourd’hui est un autre jalon dans l'engagement de la Suisse pour l'eau et la paix.

La tâche de ce panel sera de développer une série de propositions visant à renforcer l’architecture globale afin de prévenir et résoudre les conflits liés à l’eau.

Parmi les tâches du panel, nous proposons qu’elles permettent :
- d’identifier des mécanismes économiques et financiers incitatifs pour la coopération multisectorielle et transfrontalière;
- d’examiner comment prévenir et faire face aux conflits liés à l'eau, potentiellement par l'exploration de nouveau mécanismes de promotion de la diplomatie de l’eau;
- de promouvoir la mise en œuvre efficace des conventions globales sur l’eau;
- de faire la promotion enfin des meilleures pratiques de coopération ayant eu des résultats tangible au niveau des bassins-versants.

Bien qu'indépendant, le panel travaillera étroitement avec les Nations Unies. Nous sommes très heureux que UN-Water a consenti à devenir un observateur. UN-Water jouera un rôle central en relayant son savoir au panel tout en l’aidant à formuler ses recommandations.

Le panel s’appuiera également sur l'expérience des acteurs de la Genève Internationale qui travaillent sur des thématiques liées à l'eau. Faisons de Genève un centre international pour la diplomatie de l'eau.

En développant le concept de la « diplomatie bleue », la Suisse a travaillé étroitement avec le Strategic Foresight Group, un groupe de réflexion basé en Inde. Pour la suite, j’aimerais encourager le panel à s’engager avec une large gamme d'acteurs, notamment gouvernements, secteur privé, société civile, institutions financières internationales et monde académique. Ceci devrait véritablement devenir une entreprise commune.

Le mandat du panel s’étend sur deux ans. Fin 2016, la Suisse ensemble avec les pays co-parrains disséminera les conclusions préliminaires du panel. En 2017, au terme des travaux du panel, la Suisse et les pays co-parrains publieront  les recommandations finales.

Laissez-moi exprimer ma gratitude aux distingués panelistes ayant accepté de participer à cette initiative, pour nous rejoindre dans cette entreprise commune. Merci pour votre engagement. Je voudrais remercier particulièrement Dr Danilo Türk, ancien Président de la République de Slovénie, qui a accepté de présider le panel, une décision entérinée par le panel lors de sa première session hier.

Quand je regarde la liste des panelistes, deux mots me viennent à l'esprit : excellence et diversité. Les pays co-parrains ont nommé quinze personnalités en vue. Il y a un mélange géographique fort, avec des intervenants de toutes les régions du monde, et un subtil équilibre entre l'expérience politique et les connaissances académiques de haut niveau autour de la problématique de l'eau et de la sécurité.

Nous avons des panelistes ayant une solide expérience gouvernementale, dans des organisations internationales, dans le monde académique et dans le secteur privé. Ensemble ils combinent une remarquable expérience et expertise dans la politique et les questions stratégiques et géopolitiques liées à l'eau. Et cela aussi bien dans l'hydraulique, l'eau et l'assainissement, l'énergie, l'environnement ainsi que dans la gestion du territoire, des ressources naturelles et des zones côtières.

Je considère comme essentiel que le travail de ce panel, ses idées et ses recommandations soient portées au niveau politique. Ceci est le rôle de «passeur» du panel.

La Suisse s’engage à faciliter cette interaction et à organiser les consultations et les débats pertinents en marge des forums mondiaux tels que l'Assemblée Générale de l'ONU et le Forum Économique Mondial. J'encourage également les gouvernements des pays co-parrains à soutenir le panel de cette façon. Et j'invite d'autres pays à se joindre à notre effort commun et à participer à notre Group of Friends. Je suis personnellement prêt et très motivé pour soutenir le panel, être  l'avocat de son travail, ouvrir des portes et étendre ses idées. Vous pouvez compter sur moi, chers panelistes, comme je compte sur vous!

Mesdames et Messieurs,

Mich Gerber commencera aujourd’hui à composer "une Symphonie de l’Eau pour la Paix". Cette œuvre artistique sera co-créée pas à pas par des musiciens du monde entier en parallèle au travail fait par le panel mondial de haut niveau sur l’eau et la paix. La symphonie sera achevée pour coïncider avec la présentation des résultats du panel. Elle est destinée à devenir un symbole puissant de nos efforts communs pour faire de l'eau une source de coopération et de paix.

Laissez-moi terminer par vous remercier tous pour nous avoir rejoints aujourd’hui. Merci aux panelistes, à leurs supporters et aux facilitateurs de cet évènement. Merci aux créateurs et aux passeurs. J'attends avec impatience l'avancement de notre entreprise commune.


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Ultima modifica 29.01.2022

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