01.08.2016

Allocuzione del Consigliere federale Didier Burkhalter in occasione della Festa nazionale 2016 – Fa stato la versione orale

Oratore: Didier Burkhalter; Burkhalter Didier

Mesdames et Messieurs les représentants des autorités,
Mesdames et Messieurs,

Chers habitants de notre pays, Chers amis,

Quel plaisir de partager la Fête nationale avec vous ! Et le 1er août à Vallorbe, c’est le mariage de l’eau et du feu.

D’abord, le feu, le beau symbole du feu pour le 1er août : un feu de joie qui s’allumera tout à l’heure ici comme dans chaque commune et qui rappelle les foyers, allumés sur les sommets, qui permettaient aux habitants des vallées de la Suisse première d’appeler leurs confédérés à l’aide en cas de besoin. Un signe de solidarité tangible – de sécurité - qui brillait dans la nuit… et qui aujourd’hui fait briller les yeux des enfants au soir du 1er août; des enfants de tout un pays...

Ici, à Vallorbe, un second symbole permet d’établir un lien entre nous : l’eau, une force de la Suisse, ce fil de vie qui nous relie. L’eau qui caractérise votre village construit au fil des flots, dans la Vallée creusée par l’Orbe. Une eau qui joue ici à cache-cache, se réfugiant un temps sous la terre pour mieux ressortir après avoir creusé des grottes merveilleuses, fierté de toute une région et joyaux de tout un pays. L’Orbe qui offre son énergie depuis des siècles : d’abord en activant les roues des moulins de cette « Cité du fer », aujourd’hui en produisant de l’électricité. L’Orbe nous relie au monde : elle naît en France. Après avoir creusé ses grottes, elle se rengorge et c’est « avec Talent » qu’elle devient Thièle pour traverser le lac de Neuchâtel, que j’aime tant parce qu’il nous enseigne comment être toujours soi-même tout en acceptant les nuances et les différences.

Cette Orbe devenue Thièle, la voilà qui ensuite enfile ses deux « L »  pour s’envoler vers de nouveaux horizons, filer vers l’est et puis le nord, rejoindre le Rhin, ce qui est – disons - « tout un Aar »… Du nord elle rejoint la mer, en caressant au passage à nouveau les paysages de France, puis ceux d’Allemagne et des Pays-Bas ; là où elle se fond, enfin, dans le bleu apparemment infini, mais parfois troublé, des mers et des océans.

Car l’eau de l’Orbe qui quitte ces rivages paisibles découvre un monde bien agité. Ce n’est plus un mariage paisible avec le feu. Le fer qu’elle rencontre n’est pas que celui qui se travaille avec succès depuis des siècles ici à Vallorbe. C’est souvent un fer que l’on croise, qui résonne avec fracas dans un monde instable et brûlant.

Ce monde doit affronter des dangers quotidiens : des catastrophes naturelles liées à l’environnement, à l’accès aux ressources, qui s’intensifient et font souffrir des millions d’êtres humains déjà pauvres dans des régions mal préparées. Ce monde – qui est le nôtre - s’est donné l’an dernier un agenda pour le développement durable d’ici 2030 et des objectifs pour le climat : à peine une génération pour apaiser les maux de la planète et le préparer un avenir durable, pour marier l’eau et le feu…

Notre monde fait aussi face au fer et au feu de la terreur qui frappent aveuglément à Paris ou Kaboul, à Orlando ou Istanbul, au creux de l’été et de la ville jusqu’ici ensoleillée de Nice qui célébrait la Liberté, l’Egalité et – oui – la Fraternité. Ils frappent en Allemagne, en Irak, en Tunisie, au Pakistan, au Nigeria, ou ailleurs.

Peut-on trouver de l’eau pour adoucir le fer et éteindre le feu de la terreur ? Oui, si l’on s’attaque résolument aux causes mêmes de ce mal. C’est à cela que notre pays peut le mieux contribuer : pour prévenir l’extrémisme violent, pour travailler à la racine afin de construire des sociétés qui intègrent et non ghettoïsent, qui créent des perspectives pour chacun, qui donnent aux jeunes le feu chaleureux de l’espoir plutôt que les flammes destructrices du désespoir.

Ces dernières années ces flammes ont rendu notre monde instable et dangereux dans de nombreuses régions, proches de chez nous, en particulier à l’est et au sud de l’Europe sur les rives de la Méditerranée et du Levant. Attisées par le vent violent du fer et des armes, elles ont créé la plus grande crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale. La crise syrienne n’en finit plus de se consumer : elle représente le plus grand engagement humanitaire de l’histoire suisse. Mais la pierre de la guerre reste encore trop brûlante pour l’eau de la paix. Et c’est pourquoi notre pays doit mettre Genève et les bons offices constamment à disposition pour faire la paix.

Autre conséquence humaine de ces flammes: les mouvements, parfois désespérés, des êtres humains, les migrations forcées qui concernent 65 millions de femmes, d’hommes et d’enfants. Là encore, du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale. Beaucoup sont déplacés à l’intérieur même de leur propre pays.

Près de 25 millions sont des réfugiés ou requérants d’asile . Notre continent en a accueilli beaucoup ces derniers mois, Vallorbe le sait qui héberge un Centre fédéral d'enregistrement et de procédure ; mais la grande majorité des réfugiés se trouve surtout dans les pays voisins des conflits. Le Liban ou la Jordanie, qui sont des pays à la taille comparable au nôtre, accueillent des réfugiés par millions. La Turquie aussi, qui navigue actuellement entre le feu et l’eau.

L’eau, précisément, qui coule si paisiblement ici à Vallorbe, peut être source de conflits. L’accès à l’eau, pour s’abreuver, irriguer, naviguer, produire de l’énergie, assurer la santé, est un des principaux défis de notre siècle - ou plutôt de la prochaine génération si l’on veut éviter d’en faire une nouvelle source de conflits. Là aussi la Suisse s’engage. Elle a décidé de faire de l’eau une source de paix. Notre pays a initié à Genève un panel mondial sur « l’eau et la paix » qui élabore des  instruments pour éviter les conflits liés à l’eau. 

En fait, Mesdames et Messieurs, devant le feu et l’eau du monde, nous avons le choix : le choix entre regarder de loin et attendre, ou se rendre compte que rien n’est si loin et qu’il faut agir, que nous avons un rôle à jouer. Le choix entre être spectateur ou acteur dans notre monde ; acteur « à la Suisse ».

Le Conseil fédéral est convaincu qu’il est possible d’agir « à la Suisse » pour le mieux. Il est aujourd’hui possible d’éradiquer l’extrême pauvreté.

La mortalité des enfants peut continuer de baisser si l’on poursuit résolument les efforts ; si l’on veut, on peut éradiquer l’épidémie de sida, la tuberculose ou la malaria dans les quinze prochaines années. Notre monde peut aussi stopper les conflits : ainsi, on a su s’accorder pour éviter que la crise ukrainienne ne dérape en conflit ouvert Est-Ouest. La crise du nucléaire iranien n’a pas abouti à une guerre mais à un accord international, en grande partie négocié en Suisse, notamment à Lausanne et Montreux.

Le Conseil fédéral est persuadé que la Suisse peut jouer un rôle particulier, unique. Elle agit dans le monde, pour défendre ses intérêts et promouvoir ses valeurs. Ces intérêts et ces valeurs sont définis par notre Constitution ; ils en ont la fraîcheur de l’eau et la chaleur du feu : la Suisse doit préserver sa souveraineté, sa sécurité et sa prospérité. Elle s’engage pour la paix, la démocratie, les droits de l’homme, le développement durable, la lutte contre la pauvreté. Elle le fait avec ses forces et son feu intérieurs. L’histoire et la culture de notre pays sont celles d’un peuple qui jette des ponts, promeut le dialogue, bâtit la paix. Les Suisses, qui ont construit la tradition humanitaire, sont des acteurs du monde.

C’est avec ces mêmes forces et ce même feu intérieur qu’il s’agit de construire notre place d’avenir dans le monde et sur notre continent. La voie de la Suisse est celle de la souveraineté qui permet des partenariats et des accords utiles aux peuples.

Ainsi, nous faisons partie, depuis 20 ans cette année, du partenariat pour la paix, mais nous ne sommes pas membre de l’OTAN.

Nous sommes membres de l’OSCE, parce que cette organisation renforce notre sécurité et les principes mêmes de notre neutralité, tout en nous permettant d’être un acteur de médiation. Notre pays est aussi devenu, voici quelques jours, partenaire de dialogue sectoriel de l’ASEAN, l’Association des Etats du Sud Est asiatique, une des régions économiquement les plus dynamiques du monde et une région où les défis de sécurité sont aussi nombreux qu’essentiels.

Nous avons des accords bilatéraux fondamentaux avec notre partenaire le plus proche, l’Union européenne, mais nous ne voulons pas adhérer. Le Conseil fédéral a confirmé une nouvelle fois ce choix en écrivant voici quelques jours à l’Union européenne, sur demande du Parlement, pour confirmer que la demande d’adhésion de 1992 est devenue sans objet suite au vote sur l’EEE et qu’elle doit donc être considérée comme retirée. Il a rappelé sa volonté ferme de poursuivre et développer la voie bilatérale.

Au cours de sa longue histoire, qui a commencé - et qui se poursuit - autour de l’axe du Gothard, notre pays a toujours su s’ouvrir tout en préservant ses racines, sa souveraineté, son identité. C’est ce qui nous permet d’être acteur et non seulement spectateur. C’est ce qui nous permet d’exporter la moitié de ce que nous produisons et donc de créer des emplois. C’est ce qui a permis à Vallorbe de s’établir dans le monde entier comme synonyme d’outils métalliques de haute précision.

Cette région du Nord vaudois à la longue tradition industrielle connait bien la valeur des échanges transnationaux, elle qui longe une frontière qui de tout temps – sauf en période de conflits – fut bien plus couture que coupure. Cette région sait aussi que la Suisse a besoin de conditions concurrentielles favorables sur les principaux marchés mondiaux. En raison des coûts de production et du niveau du franc, c’est le seul moyen d’exporter nos produits et nos services, pas nos emplois.

La Suisse développe donc son réseau d’accords commerciaux avec ses principaux partenaires : dans le Golfe, en Asie ou en Amérique du Sud notamment. Mais notre principal partenaire, qui représente plus de la moitié  de nos exportations, c’est l’Union européenne. Nos pays voisins, en particulier les régions frontalières, constituent une grande partie de ce marché et donc de ces emplois pour nos familles.

C’est pourquoi nous devons nous engager avec détermination pour, à la fois, maîtriser davantage la migration, selon le mandat populaire du 9 février 2014, et préserver et développer la voie bilatérale. Ces derniers mois, le dossier a été freiné par le référendum britannique. Ce pays - la Grande-Bretagne - avec lequel la Suisse entend bien sûr maintenir et développer ses relations, doit désormais entamer des négociations avec l’UE. Au fond il se trouve confronté aujourd’hui au même choix que la Suisse sur l’intensité de sa relation future avec l’UE. Mais ces négociations vont prendre encore beaucoup de temps.

De son côté, le Conseil fédéral est convaincu que la Suisse a une carte à jouer pour progresser vers des solutions pragmatiques durant l’été et régler les grandes lignes de sa relation avec l’UE d’ici la fin de cette année. En matière de libre circulation, nous visons une solution concertée avec l’UE, où l’on gagne des deux côtés, pour les peuples et pour la sécurité du droit à court terme. C’est aussi une sorte de mariage entre l’eau et le feu.

En parallèle, le Conseil fédéral vise à consolider l’avenir de la voie bilatérale. Seul un accord qui précise les règles institutionnelles de cette voie bilatérale peut assurer la sécurité du droit à long terme et la perspective de pouvoir conclure de nouveaux accès au marché pour les acteurs suisses. En d’autres termes : seul un tel accord peut permettre aux prochaines générations, à nos enfants et à leurs enfants, de bénéficier réellement de la voie bilatérale, donc de la prospérité. Nous négocions actuellement un tel accord de sécurité du droit qui préserve pleinement la souveraineté suisse. Encore un mariage d’eau et de feu…

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Avant de s’aventurer dans les eaux tumultueuses du monde, les eaux de l’Orbe filent d’abord sur ces douces rives, celles de Vallorbe et du Nord vaudois, un peu plus loin celles du lac de Neuchâtel. Si on sait les écouter, on entend qu’elles murmurent qu’il fait bon vivre dans ce pays : un pays de paix, qui a su garder la paix tout au long des siècles comme on garde une conviction tout au long de sa vie; un beau pays, à l’environnement préservé, qui sait et qui aime intégrer ceux qui y tracent leur chemin de volonté ; un pays qui a su transformer sa pauvreté en ressources, en prospérité, son eau en feu d’énergie ; un pays qui a su tirer parti de ses rivières d’échanges commerciaux avec le monde entier et en premier lieu avec ses voisins; un pays qui a appris dans le courant des épreuves que les différences – comme celles des langues - peuvent être une force si on les additionne assez tôt, à la source. Bref : un pays merveilleux où l’eau et le feu font la fête - et font de la fête nationale un moment heureux, ensemble. Tout simplement.

Au fond, tout au long du temps qui passe comme l’eau et au fil des actes d’un courage de feu et d’une volonté de fer, nos ancêtres ont eu beaucoup de mérite. Et nous avons beaucoup de chance de vivre ici et maintenant.

Merci beaucoup et très belle fête à tous !


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Ultima modifica 29.01.2022

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