À la faveur de nouvelles méthodes de culture simples, Sarasvati Yadav a pu augmenter ses récoltes de riz. Avec la garantie d’achat que lui donne Coop et les primes qui lui sont versées parce qu’elle respecte les normes environnementales, cette rizicultrice a vu ses gains augmenter d’environ un tiers. Et ce n’est pas tout: «Avec la formation proposée par WAPRO, j’ai appris de nouvelles techniques, mais j’ai aussi appris combien il est important de bien gérer l’eau», déclare Sarasvati Yadav. Depuis lors, elle est convaincue d’une chose: son village peut, son village doit prendre des mesures pour améliorer l’approvisionnement en eau des rizières environnantes. Elle a donc fondé avec ses voisins une association «eau et environnement» afin de remettre en état les canaux et se concerter sur la gestion de l’eau.
En Inde, dans l’État d’Uttarakhand, quelque 4 200 agriculteurs ont participé à des cours de formation continue sur l’utilisation efficace de l’eau dans la riziculture, proposés dans le cadre du projet WAPRO financé par la DDC. Les riziculteurs sont initiés aux technologies d’irrigation économes en eau et informés sur la gestion des infrastructures hydrauliques. En effet, à l’instar de nombreuses autres régions du monde, l’Inde connaît de plus en plus d’épisodes de pénuries d’eau causées par les moussons tardives, les précipitations insuffisantes ou la surexploitation des eaux souterraines.
Du riz équitable grâce au projet de la DDC
Près d’un septième du riz équitable vendu à la Coop provient de la région dans laquelle est mené le projet WAPRO, dans le nord de l’Inde. Ainsi, environ 1000 tonnes de riz sont achetées chaque année pour le marché suisse.
Le grand distributeur et l’ONG Helvetas soutiennent la production de riz bio équitable en Inde, dans l’État de l’Uttarakhand depuis 2011. La DDC a été la première à attirer l’attention sur la gestion de l’eau en tant qu’élément constitutif d’une solution globale. Pour cette raison, WAPRO encourage désormais la création d’associations «eau et environnement» pour la gestion de la consommation commune. «Comme nous voulons offrir un produit crédible et durable, la question de l’eau ne peut être ignorée», explique Annina Böhlen de Coop. C’est ainsi qu’en 2015 est né ce partenariat en Inde, dont les coûts sont partagés à parts égales entre l’acteur privé et l’acteur public. Et c’est Helvetas qui met en œuvre le projet sur place, pour le compte de la DDC et avec l’aide de partenaires locaux.
L’eau fait partie intégrante de l’agriculture durable
WAPRO se focalise sur la productivité de l’eau dans la culture du riz et du coton – autrement dit, sur la manière d’utiliser moins d’eau pour produire un kilo de riz.
La DDC intègre tous les acteurs concourant à cet objectif. De ce fait, le projet WAPRO comprend trois volets: des conseils spécialisés aux agriculteurs sur place, un soutien pour les questions administratives et de gouvernance, ainsi que la garantie d’achat et de prix fournie par les partenaires privés.
Produire plus avec moins
Combinées entre elles, les méthodes de culture transmises dans les programmes de formation permettent de récolter davantage en utilisant moins de moyens de production: par exemple, on enseigne la méthode dite «système de riziculture intensive» (SRI), qui consiste notamment à repiquer les plants à de plus grandes distances les uns des autres. Ainsi, comme ils ont davantage d’espace pour pousser, ils produisent des épis plus gros qui donnent davantage de grains. Cette méthode est complétée par la technique dite AWD d’alternance des phases sèches et des phases d’inondation, qui apprend aux agriculteurs à ne plus inonder constamment les rizières mais seulement par phases. En effet, il n’est pas nécessaire que le riz soit entièrement recouvert d’eau pour pousser: dans le passé, l’inondation des champs avait pour seul but de se débarrasser des mauvaises herbes.
WAPRO encourage également les cultures mixtes. Le soja, par exemple, qui peut être très bien planté entre les rangées de riz, enrichit le terrain en azote, de sorte que le riz nécessite moins d’engrais. Les lentilles aussi poussent très bien à proximité du riz. Afin de soutenir ces cultures mixtes, Coop a d’ailleurs développé un nouveau produit: le mélange riz-lentilles-quinoa.
Culture bio et économe en eau
Bien entendu, il faut davantage qu’un cours de formation pour convaincre les agriculteurs d’abandonner leurs anciennes méthodes et de passer à de nouvelles techniques. C’est pourquoi WAPRO a introduit la «prime SRI-AWD» (systèmes de riziculture intensive et alternance des phases sèches et des phases d’inondation) d’une roupie par kilo de riz.
La prime SRI-AWD est accordée par les grossistes aux agriculteurs qui produisent selon les normes WAPRO. Ces derniers en tirent un double bénéfice: un meilleur prix de vente et une garantie d’achat pour leurs produits.
Dans l’État de l’Uttarakhand, deux ans après l’introduction du projet, près de 30% des agriculteurs ont adopté les nouvelles techniques de riziculture. Grâce à l’application du système de riziculture intensive, ils économisent plus de 25% d’eau, et 20% avec le système, largement utilisé, d’alternance des phases sèches et des phases d’inondation.
Actions collectives
Toutefois, sur le terrain, la productivité de l’eau n’est pas le seul facteur en jeu. En effet, l’eau est en grande partie gaspillée à cause des infrastructures vétustes, telles que les barrages en mauvais état ou des canaux non étanches. Il est donc capital de pouvoir disposer de bonnes infrastructures d’irrigation et de gérer l’eau en conséquence.
«Le plus réjouissant est que, à la suite des sessions de formation, les agriculteurs ont entrepris des actions communes pour réparer les infrastructures d’irrigation négligées par l’État», raconte Jens Soth, de l’organisation Helvetas. Cinquante-cinq associations «eau et environnement» ont vu ainsi le jour rien que dans l’État d’Uttarakhand, au sein desquelles les producteurs de riz, qui dépendent d’infrastructures hydrauliques communes, s’entendent sur la meilleure façon de les entretenir et sur les réparations nécessaires. Les frais liés à ces réparations sont en partie couverts par les contributions issues du commerce équitable. «Il est intéressant de noter que les participants décident de leur propre initiative de prioriser la question des infrastructures hydrauliques», déclare Jens Soth. La prime du commerce équitable, qui peut être attribuée sans aucune condition, se divise en deux parts: l’une est directement destinée aux producteurs et l’autre à la coopérative. C’est précisément cette part que les associations «eau et environnement» consacrent à une gestion responsable de l’eau («Water Stewardship»). Coop contribue également à l’amélioration des infrastructures d’irrigation par ses activités de protection du climat, car la riziculture qui consomme moins d’eau émet aussi moins de gaz à effet de serre.