Architecture et jardins de l’Ambassade de Suisse à Alger

Dans les hauteurs d’Alger (El-Mouradia, colonne Voirol), les jardins qui entouraient l’ancienne Résidence de Suisse ont connu une profonde transformation, avec l’intervention successive de plusieurs architectes suisses : construction de la nouvelle Chancellerie (achevée en 2013) et, dix ans plus tard, reconstruction de la Résidence et réaménagement des jardins (achevés début 2024).

Ces travaux sont tous animés d’un souci de durabilité écologique et d’une combinaison harmonieuse entre apports suisses et algériens. Cette optique était déjà celle de l’architecte, urbaniste et artiste suisse Jean-Jacques Deluz qui a travaillé en Algérie entre 1956 et 2009 et qui a légué ses archives au Centre d’études diocésain « Les Glycines » voisin de l’Ambassade. 

Chancellerie

Le bâtiment de la Chancellerie a été conçu par Bakker & Blanc architectes associés, Lausanne et réalisé par les architectes Thierry Savoy (Arthys, Lausanne) et Mohammed Larbi Mehroum (MLM, Alger). Il a été inauguré en automne 2013.

La façade extérieure évoque, par ses rangées superposées de croix diagonales aux légères variations, l’ornementation traditionnelle des moucharabiehs. Elle a été coulée sur place dans un béton composé de granulats de couleur blanche provenant des environs d’Alger, armé d’acier galvanisé pour éviter les coulures de rouille. Cette façade protège du soleil les baies en triple vitrage à cadre de chêne de la façade intérieure, mais joue aussi un rôle statique essentiel dans une zone sismique sensible.

Au niveau inférieur, en retrait de la rue et sous un couvert de béton percé d’une ouverture en forme de croix fédérale, se situe l’entrée des visiteurs et leur contrôle. Les bureaux sont distribués aux deux étages supérieurs sur le pourtour du bâtiment, les escaliers et les espaces de service se trouvant dans le noyau central à éclairage zénithal.

Le revêtement de sol des bureaux, fabriqué en ciment selon d’anciennes méthodes locales, reprend le motif des façades en miniatures de tons gris et blanc. Sur le plan énergétique, une pompe à chaleur réversible produit chaud et froid avec distribution par des ventilo-convecteurs en plafonds, une ventilation double-flux permettant en outre une récupération de chaleur.

Résidence

Le bâtiment de la nouvelle Résidence a été conçu par les architectes zurichois Oliver Lütjens et Thomas Padmanabhan. Il a remporté un concours de projets en 2017. Une destruction de l’ancienne villa « Les Tamaris » s’était imposée en raison des risques sismiques.

L’édifice est conçu comme un pavillon de jardin ouvert et kaléidoscopique. Les pièces principales longent une loggia qui ouvre sur le jardin sur toute une longueur du bâtiment. Le hall d’entrée, le salon et la salle à manger forment une structure qui accueille en son centre un escalier menant au toit-terrasse avec vue sur la mer. Le logement privé s’organise autour d’un patio vitré triangulaire. De l’extérieur, la Résidence présente une structure aux multiples ouvertures. Le toit et les murs revêtus de plaques en fibrociment sont destinées à conférer au bâtiment une légèreté à la fois douce et protectrice.

À l’instar de la Chancellerie, le bâtiment est conçu de manière à réduire la consommation d’énergie. Un marbre blanc veiné de gris est utilisé pour tous les sols intérieurs, extrait en Algérie, comme aussi l’ardoise bleue utilisée dans les parties extérieures. C’est de Suisse que proviennent les faïences carrées et de petites dimensions, de couleur blanc cassé ou gris anthracite. Les autres couleurs dominantes sont le gris, le jaune RAL 1017 et le vert pomme.

En plus d’un mobilier contemporain, l’aménagement intérieur inclut une pièce de mobilier historique, témoin des pourparlers en Suisse qui ont mené à la négociation des Accords d’Evian en 1962. Ce choix entre en résonance avec les contributions régulières de l’Ambassade à la préservation de la mémoire de cette période, avec notamment la publication en français et en arabe d’une bande dessinée (2023) dont les co-auteurs sont un historien suisse, Marc Perrenoud, et une dessinatrice algérienne, Bouchra Mokhtari. 

Jardins

L’architecte paysagiste Florian Bischoff, de Baden, a été mandaté pour redonner au domaine, planté d’essence rares et de certains arbres remarquables, une vue d’ensemble en partie perdue lors des travaux de construction et du fait de l’emprise au sol des nouveaux bâtiments. L’une de ses premières interventions a été la plantation, fin 2022, d’une série de jacarandas près du bâtiment de la Chancellerie.

Deux bancs ornés de mosaïques géométriques ainsi que quatre colonnes portant des glycines subsistent du décor de la villa « Les Tamaris », où résida un directeur du Jardin d’Essai. Ces éléments originaux sont intégrés dans l’architecture des jardins et leur plan de cheminement. Certains caractères du jardin historique, tels que les marches en terre cuite et le dallage en pierre bleue d’Alger, se retrouvent dans les nouveaux aménagements.

Deux jardins occupent, en diagonale, les parties non construites de la parcelle. Le plus petit est une orangeraie au cœur de laquelle est installée une esplanade carrée ; il se trouve en relation directe avec la Chancellerie. Le plus grand comprend un espace engazonné, encadré de majestueux palmiers, en prolongement des locaux de réception de la Résidence. Ce jardin se prolonge en hauteur vers une partie ombragée, dotée d’une gloriette, avec entre le mur d’enceinte et les chambres privées un talus où des plantes au feuillage argenté devraient apporter un peu de lumière.

Aux interventions tout autour des bâtiments s’ajoutent deux jardins intégrés dans la Résidence même : des plantes grasses sur la partie végétalisée du toit-terrasse et une végétation luxuriante avec une fontaine dans le patio intérieur.

Les bureaux, les jardins et les parties résidentielles ne sont pas ouverts à la visite. Pour des questions spécifiques, prière de s’adresser à l’Ambassade  (alger@eda.admin.ch).