Conférence du Dr Vincent Genin sur la Belgique et la Suisse durant la Première Guerre mondiale


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Actualités locales, 12.11.2018

Dans le cadre des activités marquant les 100 ans de la représentation diplomatique suisse en Belgique, une troisième conférence a eu lieu le 8 novembre 2018 à la résidence de l’Ambassadeur de Suisse. Sous le titre « La Belgique et la Suisse pendant la Première Guerre mondiale : du siège de Liège au ‘Berne, nid d’espions’ de 1918 », le Dr Vincent Genin, chercheur de l’Université de Liège s’est penché sur le sort contrasté qu’ont connu, à partir de l’été 1914, les deux pays neutres.

Le Dr Vincent Genin retrace l’histoire de la neutralité de la Belgique et de la Suisse.
Le Dr Vincent Genin retrace l’histoire de la neutralité de la Belgique et de la Suisse. © DFAE

Le Dr Genin a rappelé qu’au lendemain du 4 août 1914 et de l’invasion de la Belgique neutre par les troupes allemandes, le Conseil fédéral et le Parlement s’étaient empressés de confirmer aux Puissances que la Suisse allait maintenir sa neutralité telle qu’établie et reconnue depuis 1815. Cette déclaration politique, dictée par la volonté de maintenir le pays en dehors de la guerre, contrastait avec les sentiments du peuple suisse. Celui-ci était divisé, souvent le long des frontières linguistiques du pays, sur les sympathies pour les différents belligérants et l’attitude à adopter face à la violation de la neutralité d’un autre pays. En Suisse, dont l’armée comptait deux fois plus de soldats qu’en Belgique, certains n’hésitaient pas à se demander si la Belgique s’était suffisamment armée et entraînée pour défendre sa neutralité. Cette appréciation en demi-teinte changea à la suite d’un événement particulièrement grave survenu le 27 août 1914 : le sac de Louvain. Les massacres perpétrés contre la population de la ville et l’incendie qui ravagea la bibliothèque de son université catholique ont profondément ému les Suisses. Pour sa part, le Roi Albert 1er, qui connaissait et aimait bien la Suisse, put compter sur l’action de trois hommes ayant sa pleine confiance pour convaincre la population suisse que la neutralité belge avait bel et bien été bafouée. Il s’agissait du sociologue Emile Waxweiler et des deux représentants officiels de la Belgique en Suisse durant la guerre, Paul de Groote et Fernand Peltzer. Au fil du temps et alors que la population suisse témoigna à de nombreuses occasions sa sympathie à l’égard de « la petite Belgique » et de ses habitants, le gouvernement veillait à ce que la Suisse officielle maintienne jusqu’au bout sa stricte neutralité. C’est ainsi que, comme l’a rappelé le conférencier, l’Ambassadeur Peltzer, releva, en fin observateur et non sans une pointe d’ironie, qu’il régnait, dès l’été 1918, une « drôle d’ambiance » à Berne. Dans une dépêche écrite à son ministre, Paul Hymans, Peltzer s’étonna de voir que de hauts dignitaires allemands ou des archiducs austro-hongrois, récemment arrivés, s’y promenaient ou organisaient de grandes réceptions sans être inquiétés le moins du monde...