Monsieur le Président,
Depuis une année, mesdames et messieurs, nous sommes toutes et tous témoins de la violation grave de la Charte des Nations Unies en Ukraine. Depuis une année, l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine se poursuit, au mépris du droit international. Depuis une année, la confiance et l’ordre sécuritaire qui prévalaient en Europe sont menacés.
Le coût humain est impossible à chiffrer : à côté des milliers de morts, de blessés et de disparus sur place, plus de huit millions de personnes ont dû fuir leurs foyers – huit millions, cela représente la population entière de mon pays, la Suisse.
L’année dernière, j'ai vu de mes propres yeux les destructions et les souffrances à Kyiv et dans ses environs. Nous tous, ici, avons désormais en tête les noms et les images inhumaines de Bucha ; Kramatorsk ; Mariupol ; Kharkiv et Kherson.
Ces horreurs ont lieu alors que nous commémorons l’année prochaine les 75 ans des Conventions de Genève.
Avec ces conventions, nous voulions élever le droit au-dessus de la barbarie, notamment le droit international humanitaire.
Nous voulions tourner la page des expériences des guerres passées. Cette Assemblée a affirmé à maintes reprises que de telles guerres ne devaient plus jamais se reproduire.
L’agression militaire russe contre l’Ukraine nous montre une fois de plus que nous ne sommes pas à l’abri.
Un membre permanent du Conseil de sécurité a décidé d’attaquer son voisin, une nation indépendante, une nation souveraine.
Mais ne baissons pas les bras !
Ce serait une grave erreur. Ce serait donner raison à toutes les forces en quête de pouvoir, peu importe la manière dont elles en font l’usage.
Monsieur le Président,
Avec la résolution soumise au vote aujourd’hui, nous envoyons un message fort de paix et de respect du droit et des principes qui nous unissent.
La Suisse condamne fermement les graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises en Ukraine.
Et j’appelle toute la communauté internationale ici présente à œuvrer, main dans la main, en vue d’un règlement pacifique de ce conflit.
Les Ukrainiennes et les Ukrainiens ont le droit de vivre en paix : une paix bâtie sur les règles fondamentales du droit international tels que l’interdiction du recours à la force, l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale.
La Suisse est prête à jouer son rôle.
Réaffirmons ensemble l’importance de la Charte des Nations Unies au moment où de grands défis exigent des solutions globales urgentes.
Voyez la pénurie d'énergie, voyez l'insécurité alimentaire, l'inflation, le changement climatique, voyez les migrations : Ces défis nous placent face à notre dépendance les uns des autres. Face à nos responsabilités.
Le repli sur soi n'est pas une solution ! Resserrons nos liens, colmatons les fissures de nos institutions et restaurons notre confiance mutuelle.
Enfin, nous devons permettre au peuple ukrainien - et à tout peuple du monde frappé par la guerre - de retrouver l’espoir, de vivre en paix.
Notre unité est décisive : Grâce aux efforts incessants tels que l’Initiative céréalière de la mer Noire, certaines conséquences néfastes de la guerre ont pu être atténuées - tant sur le plan humain, sécuritaire, que politique et économique.
La Suisse fournit de l’aide humanitaire, accueille des réfugiés et a lancé le processus de reconstruction de l’Ukraine à Lugano l’été dernier.
Mais il faut en faire davantage, comme par exemple en matière de besoins humanitaires et surtout de déminage.
Mon pays continuera de soutenir l’Ukraine, sans oublier les autres conflits dans le monde.
Je vais ainsi par exemple accueillir ce prochain lundi à Genève une conférence des donateurs pour le Yémen avec mon homologue suédois.
Monsieur le Président,
En soutenant cette résolution sur l’Ukraine aujourd’hui, à la veille du premier anniversaire de la guerre, nous envoyons un message clair en faveur de la Charte de l’ONU.
Les attentes sont grandes, mesdames et messieurs. Ne décevons pas celles et ceux qui comptent sur nous, que ce soit en Ukraine, en Russie ou dans tout autre pays.
Je vous remercie.