02.05.2012

Genf, 2. Mai 2012 - Rede von Bundesrat Didier Burkhalter "Réduire l'écart entre la condition humaine et la dignité" - Es gilt das gesprochene Wort

Messieurs les Ministres, 
Monsieur le Haut Commissaire, 
Mesdames et Messieurs, 

Bienvenue en Suisse et à Genève ! Bienvenue, tout particulièrement, aux délégations de l'Afghanistan, de l'Iran et du Pakistan, trois pays qui ont uni leurs efforts à ceux du Haut Commissariat des Nations Unies; et cela pour développer une véritable stratégie de solutions en faveur d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont devenus les réfugiés afghans. Au nom de la Suisse, je salue également l’ensemble des participants et les remercie chaleureusement de venir ainsi témoigner de leur solidarité à la cause de ces réfugiés et des populations hôtes.

Aujourd’hui, dans ce Centre international de conférence, ici en Suisse, ce qui nous occupe peut paraître bien loin. En fait, ce qui nous occupe nous concerne tous : c’est la condition humaine, c’est une grande souffrance humaine. Et la dimension de cette souffrance est énorme : 2,7 millions de réfugiés enregistrés et presque autant qui ne le sont pas ; des millions d’êtres humains qui vivent depuis des décennies au Pakistan et en Iran. A ce nombre s’ajoutent encore un demi-million de personnes déplacées à l’intérieur de l’Afghanistan. Aujourd’hui, tout au long de cette conférence, ce sont les destinées de ces personnes que nous devons avoir à l’esprit et dans le cœur : 5,5 millions d’êtres humains qui ont dû quitter leur foyer. 

Votre présence à tous, Mesdames et Messieurs, est aussi une preuve de confiance ; de la confiance que vous accordez aux institutions internationales et aussi à la Suisse qui a l’honneur d’être l’Etat hôte des ces institutions. La Suisse, mon pays, se réjouit de ce rôle d’accueil et de contribuer à cet élan commun, à la recherche de solutions durables basées sur le partage de la responsabilité. Comme en témoignent les crises récentes, il est primordial de pouvoir mobiliser largement les Etats et les organisations pour soutenir l’action humanitaire internationale. Là aussi, l’union fait la force, l’intégration des différents types d’aide, de l’humanitaire pur au développement, en passant par la promotion de la paix.

La stratégie proposée dans le document de conférence s’inscrit dans le cadre d’un processus de longue haleine entre les trois Etats concernés. Elle aborde la question des déplacements de la population de manière complète et intelligente ; elle met en évidence des interventions concrètes dans un environnement terriblement complexe. Par exemple, la promotion du rapatriement volontaire en favorisant les investissements dans les zones de retour ; ou, encore, le maintien de l’espace d’asile dans les pays hôtes en renforçant le soutien apporté aux communautés d’accueil.

A cet égard, on ne saurait construire solidement que sur la durée : il est nécessaire que la communauté internationale s’engage à long terme dans cette stratégie inclusive. Il est primordial de mobiliser durablement les trois gouvernements de la région, le HCR, la communauté des donateurs ainsi que les autres acteurs impliqués, dans l’humanitaire et le développement. 

L’exode massif de réfugiés afghans depuis 1978 – un tiers de siècle ! -  a eu des effets multiples, notamment sur les pays voisins et leurs populations. D’ailleurs, sait-on suffisamment, lorsque l’on en parle dans des pays comme la Suisse, que 80% des réfugiés dans le monde (soit quelque 35 millions de personnes) sont accueillis dans des pays en développement ? Sait-on suffisamment que ces pays, qui ne sont pas riches, montrent ainsi une richesse de générosité qui va bien au-delà de leurs moyens, qui n’a que bien peu de frontières ? Au nom de nous tous ici, je tiens à saluer et à remercier l’Iran et le Pakistan, qui ont largement ouverts leurs portes et leur pays à des millions de personnes en détresse. Avec l'appui du HCR et de ses partenaires, ces pays offrent de la protection et de l’assistance depuis plus de trois décennies à une population en exil.

Mesdames et Messieurs,

Le HCR ne peut résoudre seul le problème des personnes déplacées et des réfugiés afghans. Des efforts plus larges sont indispensables, notamment pour répondre aux besoins de ceux qui rentrent au pays, qui rentrent en Afghanistan. Cette conférence de Genève met en évidence ce point fondamental : les solutions ne doivent plus être envisagées de manière partielle. Elles sont globales et elles sont l’affaire de tous. 

Il est aussi nécessaire de renforcer la sécurité humaine en Afghanistan ; la sécurité humaine dans toutes ses dimensions, bien au-delà du dialogue humanitaire, en visant à coordonner des mesures d’assistance matérielle et financière. La sécurité humaine a inspiré la stratégie car elle inclut à la fois la politique humanitaire, le développement, la paix et les droits de l’homme. C’est cette approche intégrée qui donne le plus de chance de réussir. Ainsi, renforcer la sécurité humaine nécessite notamment de s’en prendre aux racines de la pauvreté. C’est pour cela que le rôle des acteurs du développement est fondamental.

Le développement de l’Afghanistan est donc un défi de longue haleine, qui aura besoin d’institutions étatiques solides et d’un dialogue inclusif et ouvert. Ce dialogue et cette coopération devront aussi être poursuivis et renforcés avec les partenaires des pays voisins et avec la communauté internationale.

Dans cette perspective, la Suisse salue le processus de réconciliation et d’intégration nationale en Afghanistan qui représente un pas important, un geste indispensable, vers un État stable et indépendant.

Mesdames et Messieurs,

Vous allez vous mettre maintenant au travail. Durant ces prochaines heures, vous aurez l'occasion de passer en revue la stratégie proposée conjointement par les trois pays directement concernés et de saisir le potentiel qu’elle peut apporter à la région. Vous devrez vous montrer flexibles concernant la mise en œuvre des solutions élaborées dans la Stratégie en tenant  compte des spécificités de la région. Ce document, dont l’existence est en soi un début de succès, doit être considéré comme une base de discussion pour la communauté internationale. Comme un tremplin vers un réel – et possible – progrès pour les êtres humains concernés.

Quels que soient les obstacles, la concrétisation des solutions durables proposées dans la stratégie constitue un élément capital pour la stabilité de la région. En clair : pour le rapatriement librement consenti et la réintégration des réfugiés afghans au sein de leurs communautés d’origine ainsi que pour renforcer l’assistance aux pays hôtes.

Nous devrons encore développer un plan de mise en œuvre cohérent de cette stratégie afin d’harmoniser les interventions avec les processus déjà engagés sur le terrain (tels que les Programmes de priorités nationales ou la Stratégie de développement nationale de l’Afghanistan). 

Les solutions durables ne doivent pas se concurrencer. Elles doivent être mises sur un pied d'égalité. Ainsi, des mesures suffisantes de soutien doivent être développées dans les pays de premier asile comme dans les zones de retour, afin de faciliter l'accès au logement, au travail, à la protection sociale et aux services de base. Pour éviter d'exacerber les tensions sociales, ces mesures devront par ailleurs intégrer les communautés locales (d'accueil ou d'origine), dans la mesure où leurs difficultés – leurs situations de  vie - sont comparables à celles des réfugiés ou des rapatriés.

Mesdames et Messieurs,

La Suisse contribue aux efforts de la communauté internationale en Afghanistan et continuera à le faire au-delà de 2014, notamment par la présence et le travail de son bureau de coopération au développement à Kaboul. Nous sommes heureux que l’engagement civil de la Suisse apporte un soutien concret à celles et ceux qui en ont besoin, aux populations vulnérables, par des actions directes, des réponses à de nouvelles crises, des programmes de développement et des contributions financières et en personnel à nos partenaires multilatéraux (comme le PAM, le HCR, le CICR et l’UNICEF).

Nos priorités, dans la coopération suisse, sont aussi simples qu’utiles : améliorer la vie, ce qu’il y a de plus précieux ; améliorer la vie des Afghans et des autres populations concernées, en particulier grâce au développement des zones paysannes, grâce à la reconstruction, grâce à une meilleure gouvernance locale également.

La réinstallation des réfugiés, en tant que solution durable, fait également partie des instruments de la protection internationale et reste une question d’actualité pour la Suisse. Conformément à sa tradition humanitaire et bien qu'aucun quota ne soit actuellement en vigueur dans notre pays, la Suisse accueille des groupes de réfugiés vulnérables en partenariat avec le HCR.

Mesdames et Messieurs,

C’est maintenant le début d’une conférence. C’est surtout le début de deux jours, deux journées partagées, deux journées consacrées à s’engager ensemble pour un avenir meilleur ; celui d’enfants, de femmes et d’hommes qui forment une population particulièrement vulnérable. Nous le leur devons, comme nous le devons aux pays voisins, qui ont fait la preuve de leur solidarité. Nous le devons, afin de réduire l’écart entre la condition humaine et la dignité.


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Letzte Aktualisierung 29.01.2022

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